Le
Mois d'octobre consacré à Notre Dame du Rosaire
(ou
Manuel du Chapelet et du Rosaire à l'usage des fidèles et en
particulier des confrères du Rosaire et des associés du Rosaire
Vivant )
«
Ils persévéraient tous unanimement dans la prière avec Marie, mère
de Jésus ». (Actes des Apôtres)
Liège,
imprimerie de L. Grandmont-Donders, librairie, 1847
«
Le Rosaire est la reine de toutes les prières ». (Bienheureux Alain
de la Roche)
Avant-propos
Le
mois d'Octobre était le seul qui, jusqu'à présent, n'eût pas son
manuel propre à fournir aux fidèles des méditations pour tous les
jours. Il était cependant naturel que ce mois dans le cours duquel
se célèbre la fête du saint Rosaire, fût sanctifié par des
considérations sur cette salutaire pratique de dévotion qui, depuis
son institution par saint Dominique, a été partout une source si
féconde de grâces et de bénédictions. C'est pour combler cette
lacune que nous avons commencé et terminé sous les auspices de
Marie, et dans le mois de mai qui lui est consacré, cet opuscule que
nous offrons à ses serviteurs et en particulier aux confrères du
Rosaire et aux nombreux associés du Rosaire vivant. Nous n'avons
guère fait que mettre en ordre le Manuel du Chapelet et du Rosaire
de la Sainte Vierge par Mr l'abbé de Sambucy, qui présente sur
cette excellente dévotion les notions les plus précises, les plus
authentiques et les plus édifiantes, est-il dit dans l'approbation.
Puisse
la Sainte Vierge, invoquée sous le titre de Notre-Dame du Rosaire,
daigner accueillir ce petit travail et combler de ses faveurs les
fidèles qui sanctifieront le mois d'octobre en faisant la méditation
de chaque jour pour s'éclairer sur cette dévotion si répandue et
si salutaire, et pour se pénétrer de l'esprit qui doit animer ceux
qui aiment à la pratiquer. Nous prévenons qu'en mettant en ordre
cet opuscule nous n'avons pas perdu de vue le conseil de Vincent de
Lérins: « Le vrai caractère de la modestie et de la prudence
chrétienne est de transmettre religieusement aux fidèles les
traditions de nos ancêtres, au lieu d'y substituer nos opinions
particulières ».
Premier
jour : La dévotion du Rosaire
Quoique
la dévotion envers la glorieuse Vierge Marie doive être recommandée
en général à tous les
chrétiens,
comme un puissant secours pour mener une vie plus sainte, comme un
moyen de trouver plus d'accès auprès de Dieu, et enfin, comme une
marque peu équivoque de prédestination; on peut dire qu'entre
toutes les pratiques de dévotion inspirées aux fidèles par
l'Esprit-Saint pour rendre à la Mère de Dieu le culte qui lui est
dû, celle de réciter le rosaire avec les sentiments conformes au
but de son institution, est l'une des plus authentiques et des plus
agréables à la sainte Vierge. Aussi trouve-t-on peu de personnes
recommandables par leur sainteté, respectables par leur rang, leur
savoir, leur dignités, qui n'aient été zélées pour cette solide
dévotion. Combien de souverains Pontifes, de rois, de princes, etc.,
ont regardé comme un honneur de se faire inscrire dans les
confréries du Rosaire pour pratiquer plus exactement cette dévotion
?
Jouissez-vous,
ami lecteur, du même bonheur ? Si vous avez l'avantage de connaître
l'excellence de la dévotion du Rosaire, et si, inscrit ou non dans
une association formée en l'honneur de Notre-Dame du Rosaire, vous
honorez votre bonne Mère par ce tribut quotidien ou hebdomadaire de
louanges, nous vous en félicitons, parce que nous sommes convaincu
avec l'Église que ce sera pour vous une source de bénédiction et
de salut dans le cours de votre vie et à l'heure de votre mort. Si
vous négligez cette pratique de dévotion, si vous n'en connaissez
pas l'utilité, oh ! Prenez, nous vous en conjurons, prenez la
résolution de consacrer ce mois à lire attentivement, à étudier,
à méditer ce que nous allons tâcher de recueillir sur cette
dévotion que les fidèles de nos jours n'apprécient plus en général
comme elle mérite d'être appréciée, et par suite ne la
pratiquent
plus avec l'esprit, les dispositions qu'elle exige.
Nous
avons choisi le mois d'octobre pour présenter aux fidèles des
considérations sur la dévotion du Rosaire, parce que le premier
dimanche de ce mois l'Église célèbre la fête solennelle du saint
Rosaire, appelée vulgairement la fête du grand Rosaire. Nous dirons
plus loin à quelle occasion cette fête fut établie. Plus une
dévotion est générale et populaire, a dit un docteur de l'Eglise,
plus elle doit nous paraître sainte et divine. Par dévotions
populaires on ne peut entendre que celles qui sont plus répandues
dans toute l’Église, et honorées du suffrage et des faveurs du
saint Siège; parce que les dévotions approuvées par le vicaire de
Jésus-Christ, le Chef visible de l'Eglise, sont seules vraies,
solides, et toujours conformes à la foi et à la raison. De là, les
dévotions populaires ne sont pas les dévotions propres uniquement
au peuple, mais celles qui sont plus accessibles à toutes les
classes inférieures, et qui sont si universellement répandues que
les hautes classes de la société se font gloire de s'y associer :
par exemple, les dévotions du Scapulaire, du Chapelet, du Rosaire,
etc; ces sortes d'agrégations, où se confondent les noms les plus
grands avec les plus
communs,
honorent la dévotion au lieu de lui nuire, et sont conformes à
l'esprit de Jésus-Christ. qui a voulu que les sacrements fussent
communs à tous ses disciples; que le pauvre s'assied à la table
sainte à côté du riche; que tous eussent part à ses grâces sans
distinction de rang, de condition, etc.
Cependant
les mauvais chrétiens, les faux disciples de Jésus-Christ, les
pharisiens du christianisme qui ne pratiquent pas la religion,
critiquent ces dévotions populaires, parce qu'elles sont une
continuelle censure de leur indifférence: ils déclament contre leur
abus et contre leur multiplicité. Mais d'abord les abus ne peuvent
jamais détourner d'une bonne œuvre; il suffit de les connaître et
de s'en préserver. N'abuse-t-on pas des meilleures choses? Ces
dévotions, ces associations ne sont-elles pas bonnes en elles-mêmes,
comme par leurs effets? Si 'elles ne l'étaient pas, comment l’Église
les aurait-elle approuvées et enrichies d'indulgences?
D'ailleurs,
elles se bornent à des exercices pieux, à des prières communes ou
particulières, à quelques œuvres de charité; or, rien n'est plus
capable de nourrir et d'animer la piété; rien n'est plus propre à
resserrer tous les liens de la religion, à répandre partout
l'édification et à exciter une sainte émulation pour la vertu.
Quant
à la multiplicité des dévotions que l'on se plaît à critiquer,
c'est un reproche qui semble sinon ridicule, du moins injuste; car il
en .est des dévotions, comme des mets dans un repas, ou des fleurs
dans un jardin: on n'impose à personne l'obligation de manger de
tous les mets, ni à un particulier de cultiver toutes les fleurs; on
ne force personne non plus à embrasser toutes les dévotions : la
variété des fleurs dans un jardin et la diversité des mets sur une
table sont tout à la fois un ornement et une nécessité pour
s'adapter à tous les goûts: de même la multiplicité des dévotions
est un ornement pour la piété et une ressource pour les fidèles;
mais ils peuvent choisir parmi les dévotions qui leur plaisent
davantage, celles qui sont plus analogues à leur état ou à leurs
besoins, et qui ne peuvent ni les surcharger, ni nuire à leurs
devoirs ou à leurs emplois.
Parmi
les dévotions destinées à honorer la sainte Vierge, il en est deux
surtout qui ont l'avantage d'être plus anciennes, plus connues, plus
faciles et plus universellement répandues; à savoir: celle du
Rosaire et celle du Scapulaire. Il n'entre pas dans notre plan de
parler de l'excellence de la dévotion du Scapulaire qu'on a la
consolation de voir se répandre chaque jour davantage en Belgique;
nous ne traiterons, dans ce mois, que de la solide dévotion du
Chapelet et du Rosaire. Nous disons du chapelet et du rosaire; car ce
sont deux dévotions que les fidèles confondent souvent, n'y ayant
au fond que quelques nuances presque imperceptibles qui les
distinguent; nous parlerons donc d'abord du chapelet, et ensuite nous
nous étendrons sur ce qui concerne le rosaire. Nous ne voulons rien
exagérer et nous nous garderons bien de dire que la dévotion du
rosaire est une marque infaillible de prédestination, le signe le
plus certain du salut et le gage le plus assuré d'une alliance
éternelle avec Jésus et Marie; mais nous ne craignons pas de dire
avec confiance,
en
commençant ce mois, que la dévotion éclairée et pratique du
rosaire est un grand moyen de salut, une marque non équivoque de
prédestination, une voie sûre pour se procurer la protection de la
Mère et les faveurs du Fils, et que ces avantages sont promis aux
vrais dévots et aux confrères du Rosaire, qui, prosternés au pied
de l'autel de Marie, ne s'en approchent pas de bouche mais du coeur,
et ne l'honorent pas seulement des lèvres, mais du fond de leurs
entrailles. (Isaïe 29. 13).
Résolution
Si
nous mettons en pratique la dévotion du Rosaire, nous devons aimer à
connaître sa solidité et ses
avantages;
si nous ne la mettons pas en pratique, nous serions plus
qu'indifférents si, ayant en mains cet ouvrage, nous ne prenions pas
la résolution de nous éclairer sur ce point, en en faisant la
lecture dans le cours du mois d'octobre, dont le 1er dimanche est
consacré par l'Église à Notre-Dame-du-Rosaire. Disons donc avec
l'auteur la prière suivante.
Prière
Nous
venons nous jeter à Vos pieds, Vierge Sainte, pour Vous demander de
bénir ce nouveau mois et d'en accepter l'humble dédicace.
Obtenez-nous de Votre Divin Époux les lumières qui nous sont
nécessaires pour profiter de sa lecture. Il n'a été composé qu'en
vue de rappeler aux fidèles une dévotion qui a toujours été chère
à vos serviteurs, parce que Vous avez donné mille preuves qu'elle
Vous était agréable. Faites, Vierge Sainte, Secours des Chrétiens,
qu'elle produise encore de nos jours les effets qu'elle produisit
lorsque vous l'inspirâtes à Saint Dominique. Ainsi soit-il.
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