Neuvaine à Notre Dame des Douleurs
Manière
de la pratiquer
Cette
œuvre de piété est en tout temps agréable à Notre-Dame, et la
pratique en est toujours avantageuse aux fidèles qui s'y livrent,
soit pour obtenir des grâces spirituelles, soit même pour
solliciter des faveurs temporelles; mais le temps le plus favorable
est du cinquième jeudi de Carême au sixième vendredi, qui est
l'époque précise des douleurs. Le jour où elles commencent ou au
moins celui où elles finissent, on devra se confesser et communier.
Il sera à propos de le faire même aux deux époques. Tous les jours
de cette neuvaine on devra lire pour le moins une des méditations de
la douleur qui correspond à ce jour. Si l'on ne s'impose pas d'actes
de mortification corporelle, il faut au moins faire l'aumône et
visiter les autels après la messe qu'on doit entendre chaque jour.
Les grandes indulgences qu'on gagne en visitant les autels sont
beaucoup plus méritoires en Carême, en les appliquant aux âmes du
Purgatoire, saintes âmes, les plus dévotes aux douleurs de Marie.
Cette aumône spirituelle sera d un puissant effet pour que
Notre-Dame des Douleurs nous obtienne ce que nous demandons, par
notre compassion aux tourments du Fils et des douleurs poignantes de
la Mère. C est en cette neuvaine que se manifeste le plus grand élan
des dévots aux douleurs de Marie, en fuyant les divertissements
dangereux, les conversations inutiles et tout autre emploi du temps
qui pourrait être un sujet d'offense envers Dieu, même faiblement;
et, afin de fortifier davantage, on devra examiner sa conscience avec
la plus scrupuleuse exactitude avant les repas, et le soir avant de
se coucher. Celui qui s'habituera à le taire d'heure en heure
trouvera un grand avantage pour le salut de son âme; cette œuvre de
piété sera la plus agréable à la très sainte Vierge, et la plus
propre à nous en faire écouter et exaucer. La prière que l'on fera
dans cette neuvaine devra être celle de la douleur qui correspond à
chaque jour, selon l'ordre de celles qui se font en second lieu;
c'est la seule qui change, et elle commence toujours ainsi:
Premier
jour
Se
mettant à genoux devant une image de la Très Sainte Vierge des
douleurs, (si l'on en possède une), faire le signe de la croix avec
toute la ferveur possible, dire l'acte de contrition ainsi qu'il
suit:
Acte
de Contrition
Mon
Seigneur Jésus-Christ, Dieu et Homme tout ensemble, mon Créateur et
mon Rédempteur, par Votre essence divine, et parce que je Vous aime
par-dessus toutes choses, comme Bonté infinie, je me repens,
Seigneur; bien contrit, mon Dieu, de Vous avoir offensé, à cause de
Votre grandeur. Je me propose fermement, moyennant Votre Sainte
Grâce, de ne jamais plus pécher, et de m'éloigner de toutes les
occasions de Vous offenser et de me confesser entièrement de toutes
mes fautes. Par Votre Mère très affligée dont le Cœur est
transpercé d'autant de glaives que j'ai commis de péchés contre
Vous: pardonnez-moi, Seigneur, parce que j'espère en Votre infinie
Miséricorde, que par Ses Très Saintes Douleurs, il Vous plaise
m'admettre en Votre grâce, m'accorder de me repentir, et pour
persévérer dans Votre service et en celui de Votre très
Douloureuse Mère, ma souveraine jusqu'à la mort. Amen.
Oraison
Très
Douloureuse et très Pure Vierge Marie, Mère du meilleur des Fils,
et la plus affligée de toutes les mères du monde, prosterné à Vos
pieds, profondément humilié, ô ma souveraine! si la faveur que je
sollicite tend à la gloire de Dieu et au salut de mon âme,
obtenez-la-moi de Sa Divine piété; s'il en est autrement, que Sa
Très Sainte Volonté s'accomplisse. Très affligée et très
douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, qui, suivant les pas de
Votre Fils unique, mon Seigneur Jésus Christ, chargé du fardeau de
la Croix, avez parcouru le chemin de l'amertume, et arrivâtes sur le
Calvaire, où l'Esprit Saint Vous invita comme sur un mont de myrrhe;
embrasez-moi, ô ma Souveraine, unissez-moi à toutes les douleurs
qui Vous ont été réservées, et offrez-les au Père Éternel,
souffertes dans le Corps de Votre Fils, et placées en votre Cœur,
pour attendrir la dureté du mien. Obtenez-moi la faveur que je
sollicite en cette neuvaine, si elle tend à la gloire de Dieu et au
salut de mon âme. Amen,
Ici,
on récite sept je Vous salue Marie, suivis de Gloire au Père, en
mémoire des grandes et innombrables douleurs qu'éprouva la Très
Sainte Mère de Dieu, depuis la naissance jusqu'à la Passion de son
Fils. On continue à intercéder la Sainte Vierge.
Souveraine
Vierge Marie, ma tendre Mère, et de tous les pécheurs, qui Vous
tenez près de l'autel de la Croix de Votre Fils unique, offert au
Père Éternel en agréable sacrifice pour le salut des hommes et
pour satisfaction entière et surabondante de leurs fautes; priez-le,
ô ma Souveraine, qu'Il regarde Son Fils crucifié, ainsi que Vous,
Mère très aimante, et qu'Il prenne compassion des infidèles et des
hérétiques, et les réunisse dans le sein de sa Sainte Église.
Ici,
élevant son cœur vers Dieu et vers sa très sainte Mère, avec la
confiance d'obtenir, si cela convient, ce qu'on désire, chacun en
particulier fera sa demande avec le plus de ferveur possible, et l'on
continue:
Mon
Seigneur Jésus-Christ crucifié, ne permettez pas qu'aucune âme se
perde, puisque Vous nous placez sous les ailes de la protection de
Votre très aimante Mère comme enfants de Ses Douleurs, nés au sein
de Ses Larmes; principalement, Seigneur, ceux qui s'unissent à Elle
en faisant cette sainte neuvaine en mémoire de Ses Douleurs, et se
confessent malgré l'enfer, ses fils, ses serviteurs, favorisés de
ses larmes et baignés de Votre Précieux Sang, pour qu'à l'heure de
notre mort, Vous nous receviez comme Ses enfants. Amen.
A
cet instant, on vénère les cinq plaies du divin Fils, pour être
plus agréable à sa très douloureuse Mère.
Je
vous salue, ô très Sainte Plaie de mon Seigneur Jésus-Christ! et
je vous prie, Seigneur, que par elle, Vous me pardonniez toutes les
offenses commises tant par mes démarches que par mes gestes.
Notre
Père, et Gloire au Père
A
la plaie du pied droit
Je
Vous salue, ô très Sainte Plaie de mon Seigneur Jésus-Christ! et
je Vous prie, Seigneur, que par elle, Vous me pardonniez toutes les
offenses commises tant par mes actions que par mes paroles.
Notre
Père, et Gloire au Père
A
la plaie de la main gauche
Je
vous salue, ô très Sainte Plaie de mon Seigneur Jésus-Christ! et
je Vous prie, Seigneur, que par elle, Vous me pardonniez toutes les
offenses commises tant par ma vue que par mes autres sens.
Notre
Père et Gloire au Père
Je
vous salue, ô très Sainte Plaie de mon Seigneur Jésus-Christ! et
je Vous prie, Seigneur, que par elle, Vous me pardonniez toutes les
offenses commises par le mauvais emploi de ma mémoire, de mon
entendement et de ma volonté.
Notre
Père, et Gloire au Père
A
la plaie du très Saint Côté
Je
vous salue, ô très Sainte Plaie de mon Seigneur Jésus-Christ! Et
je Vous prie, Seigneur, que par elle, ainsi que fut blessé Votre
Cœur par le fer de la lance ainsi que Celui de Votre très
Douloureuse Mère par le glaive de Ses Douleurs, de vous pénétrer
le mien de Vos Souveraines Lumières, afin de Vous aimer toujours, ne
jamais plus Vous offenser, et souffrir plutôt la mort que de pécher.
Amen.
Notre
Père, et Gloire au Père
Oraison
que Saint François Xavier apôtre des Indes et Patron des Mission
récitait tous les jours
Dieu
de mon cœur, et mon Seigneur Jésus Christ, par Vos cinq Plaies,
souffertes sur la croix, et par les innombrables que Vous avez reçues
dans Votre Passion par Amour pour nous, nous Vous prions, selon Votre
Miséricorde, d'être favorable à ceux que Vous avez rachetés au
prix de Votre Précieux Sang, et de les conduire à la vie éternelle.
Amen.
Note.
Ceux qui auront les livres de la Passion du Christ et des Douleurs de
Notre-Dame y liront, le matin, les Méditations de la première
douleur, et le soir, celles de la Passion, selon le jour et connue
elles se trouvent dans ces livres. Ceux qui ne les auraient pas,
liront dans un livre de piété pendant une demi heure.
Deuxième
jour
Ayant
fait l'acte de contrition et récité la première oraison du premier
jour, Très douloureuse et très Pure Vierge Marie, qui se dit aussi
le second, ou dit celle qui change tous les jours, selon la douleur
correspondante à chaque jour. C'est l'oraison suivante:
Très
affligée et très Douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, qui,
étant agenouillée au pied de la Sainte Croix sur laquelle a été
crucifié Votre Fils unique, mon Seigneur Jésus-Christ, le
considériez souffrant, agonisant et mourant pour les péchés du
monde; tournez, puissante Reine, Vos très chastes yeux inondés de
Vos larmes, regardez moi pour que j'aie compassion en voyant ce dont
mes péchés sont la cause, et obtenez-moi la Miséricorde de Votre
Fils Crucifié et la faveur que je sollicite, si elle tend à la
gloire de Dieu et au salut de mon âme. Amen.
Ici,
on récite les sept Ave Maria, et on continue, avec les oraisons, la
prière et la salutation aux saintes plaies, avec l'oraison comme au
premier jour; et ainsi tous les jours suivants, avec l'observation de
la seconde oraison et de la seconde leçon.
Troisième
jour
Très
affligée et très Douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, que,
lorsqu'Il expira, Votre. Fils unique, mon Seigneur Jésus Christ, fit
mère du genre humain en la personne vierge de l'apôtre Jean, pour
que Vous regardiez tous les hommes comme enfants nés de vos
douleurs, adoptés par l'Amour de Jésus, et recommandés à Votre
sollicitude; recevez-moi pour fils, Mère très douce, et dirigez
vers Dieu mes paroles, mes œuvres et mes pensées, et obtenez-moi de
Votre Très Saint Fils cette faveur que je sollicite, si elle tend à
sa gloire ou au salut de mon âme. Amen.
Quatrième
jour
Très
affligée et très douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, qui, au
milieu de la multitude des Scribes et des Pharisiens qui crucifiaient
Votre Fils unique, mon Seigneur Jésus-Christ, entendîtes les
ignominieuses paroles, les injures et les blasphèmes qu'ils
proféraient contre Sa Divine Innocence; purifiez mes lèvres, ô ma
Souveraine, pour que je répare ces offenses par mon amour; écoutez
le vœu de mon cœur, qui s'écrie: « Mon Dieu, mon Seigneur, Saint
des Saints, Bonté souveraine, suprême innocence, la vérité par
excellence »; et obtenez-moi de Sa Miséricorde cette faveur que je
sollicite, si elle tend à sa gloire et au salut de mon âme. Amen.
Le
reste comme aux premier et second jour.
Très
affligée et très Douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, qui,
après que Votre Fils unique, mon Seigneur Jésus-Christ, eut rendu
l'esprit au Père Éternel, et paraissait avoir consommé tous les
tourments, vîtes un soldat lever la lance et percer Son Très Saint
Côté, déchirant le tendre Cœur du Crucifié mourant, blessure qui
resta ouverte pour le salut des hommes; baignez-moi, ô ma
Souveraine, dans ce Sang et cette Eau, et introduisez-moi par cette
ouverture à l'éternité de la gloire, et obtenez-moi de Dieu cette
faveur que je sollicite, si elle tend à sa gloire et au salut de mon
âme. Amen.
Le
reste comme aux premier et second jour.
Sixième
jour
Très
affligée et très Douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, qui, au
pied de la sainte Croix où Vous vous teniez, voyant déclouer Votre
Fils unique, mon Seigneur Jésus-Christ, reçûtes en Vos mains la
couronne d'épines et les clous baignés de Son Très Précieux Sang;
posez, ma Souveraine, ces cruelles épines sur mes yeux et ces clous
aigus en mon cœur pour que je ressente quelque chose de ce que Vous
éprouvâtes et que je prenne part à Vos Douleurs, ayant en horreur
plus que la mort le péché, qui fut la cause de tant de mal; et
obtenez-moi de Votre Fils, avec le pardon de toutes mes fautes, cette
faveur que je sollicite, si elle tend à sa plus grande gloire et au
salut de mon âme. Amen.
Le
reste comme aux premier et second jour.
Septième
jour
Très
affligée et très Douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, qui,
après avoir adoré et baisé la couronne et les clous de Votre Fils,
avez reçu en Vos mains délicates et virginales Son Très Saint
Corps; regardez, Souveraine très affligée, ces blessures cruelles,
ce Sang caillé; voyez ce Corps si beau, que forma le Saint-Esprit,
déjà tant défiguré par la souffrance; arrosez-le de Vos Larmes,
ma souveraine Mère, et de ma douleur, misérable pécheur, pour que
je me repente d'avoir causé tant de tourments, par la position
cruelle où j'ai placé Votre Fils, mon Seigneur; remplissez mon cœur
de lamentations, et obtenez-moi cette faveur que je sollicite, si
elle tend à la plus grande gloire de Dieu et au salut de mon âme.
Amen.
Le
reste comme aux premier et second jour.
Huitième jour
Très
affligée et très Douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, qui,
inondée des larmes avec lesquelles Vous lavâtes le corps décomposé
de Votre Fils unique, mon Seigneur Jésus-Christ, avez appliqué Sa
Divine Face sur Votre très pur Visage; Vous l'avez embaumé et
enseveli pour le placer dans le sépulcre, où Vous laissâtes aussi
Votre Cœur très aimant: permettez, ô ma Souveraine, que j'aille,
comme le serviteur le plus humble de Votre famille, accompagner la
sépulture de mon Seigneur, pour que le regret de mes fautes ne me
sépare jamais de Son Sépulcre où elles l'ont fait descendre; et
obtenez-moi de Sa Bonté cette faveur que je sollicite, si elle tend
à sa plus grande gloire et au salut de mon âme. Amen.
Le
reste comme aux premier et second jour.
Très
affligée et très Douloureuse Vierge Marie, ma Souveraine, déjà
Votre Fils unique, mon Seigneur Jésus-Christ demeure enseveli, et
Vous, Souveraine, Vous vous en retournez seule sans la lumière de
Vos yeux et sans la vie de Votre Cœur. Tous les Esprits du ciel Vous
accompagnent, ô Marie, très douloureuse! Qu'il m'est pénible
d'être la cause de tant d'oppression par mes péchés! J'ai été,
Mère très affectionnée, un malfaiteur et cruel homicide; j'ai, par
mes fautes, arraché la Vie à Votre très Doux Fils: je me prosterne
à Vos pieds, pour mériter Votre Pitié, après avoir été si cruel
envers Vous; je me confie en Votre suprême Miséricorde, pour
espérer, par ces mêmes Douleurs que je Vous ai causées, le pardon
que je ne mérite pas. Je me propose, ô ma Souveraine, et ma très
affligée Mère, de m'amender sincèrement, et de commencer une
nouvelle vie, pour me rendre digne de Votre refuge, et, par ce moyen,
jouir en votre compagnie de l'Éternité avec cette faveur que je
sollicite, si elle tend à la plus grande gloire de Dieu et au salut
de mon âme. Amen.
Le
reste comme aux premier et second jour.
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