Dix-huitième
jour : Avantages de la Dévotion et de la Confrérie du
Rosaire
1°
Secours spirituels que procure la dévotion du rosaire
Avant
de considérer les avantages de la dévotion du Rosaire, nous devons
prémunir les fidèles contre quelques illusions ou fausses
interprétations qu'on ne peut admettre. Quand on parle des dévots
du Rosaire, on n'entend point parler de ceux qui se contentent de le
réciter sans pratiquer les vertus qu'il prescrit, mais de ceux qui,
en le récitant, conforment leur conduite aux vérités saintes qu'il
enseigne. Il n'est pas convenable ni permis de dire qu'une dévotion
est au-dessus de toutes les autres; qu'elle est une marque
infaillible de prédestination, le signe le plus certain du salut,
etc. Mais nous répétons aujourd'hui avec confiance et conformément
à l'esprit de l'Eglise, ce que nous disions déjà le premier jour,
à savoir: que la dévotion éclairée et pratique du rosaire est un
grand moyen de salut, une marque non équivoque de prédestination,
une voie sûre pour se procurer la protection de la Mère et les
faveurs du Fils; et que ces avantages sont promis aux vrais dévots
et confrères du rosaire, qui, prosternes au pied de l'autel de
Marie, « ne s'en approchent pas de bouche, mais de coeur; et ne
l'honorent pas seulement des lèvres, mais du fond de leurs
entrailles ». (Isaïe,
ch.
29). La dévotion du Rosaire est aussi utile dans ses effets que
solide dans ses fondements. L'expérience nous apprend qu'elle
éclaire les ignorants et instruit les savants eux-mêmes; qu'elle
convertit les pécheurs, perfectionne les justes, et prévient ou
soulage tous les maux. L'histoire nous la montre de tout temps comme
une source abondante de toute sorte de biens, le fléau de l'hérésie,
la terreur des infidèles, le rempart de la foi et des bonnes moeurs.
Elle est maintenant si accréditée partout qu'elle est regardée
avec raison comme la dévotion des prédestinés, par les secours
qu'elle procure aux confrères du Rosaire et par les droits qu'elle
leur donne. Parmi les secours multipliés que procure la dévotion du
Rosaire, nous ne parlerons que de ceux qui sont propres à la
confrérie, savoir: l'union qui en lie saintement tous les membres;
les indulgences que l'Eglise y a attachées, et la méditation des
principaux mystères.
L'union
et l'assistance des confrères du Rosaire, cimentées par le bon
exemple et la ferveur qui lient tons les membres dans un esprit de
Charité, furent de tout temps de précieux avantages de la dévotion
du rosaire. Dès son berceau, cette dévotion jeta partout un si vif
éclat, que l'exemple des confrères semblait faire revivre les plus
beaux jours de la primitive Eglise. Le Bienheureux Alain de la Roche,
ce grand prédicateur du Rosaire et beaucoup d'autres orateurs sacrés
nous en ont tracé un tableau fidèle, bien propre à ranimer parmi
les chrétiens cette union des premiers temps et cette antique
ferveur. En effet, dès l'origine de cette dévotion, le Rosaire,
récité dans des sentiments de religion et de Foi, attira sur les
peuples tant de grâces et de bénédictions du ciel, qu'on ne voyait
partout que changement de vie, conversion de moeurs, pénitence si
sincère et si fervente, qu'on aurait pris ceux qui s'engageaient
dans cette pieuse association plutôt pour des Anges que pour des
hommes. A l'exemple de Marie, ils entraient par leurs sentiments dans
l'esprit des quinze Mystères: tantôt on les voyait remplis de
consolations divines, dans la méditation des mystères joyeux,
renoncer
avec courage à toutes les joies d'un monde profane; tantôt on les
voyait baignés de larmes et l'âme pénétrée de componction, dans
la méditation des mystères de douleur, souffrir avec résignation
toutes les peines et les afflictions d'ici-bas; tantôt enfin on les
voyait dans la méditation des mystères glorieux, avec un visage si
serein et un esprit si calme, qu'ils semblaient ne plus tenir à la
terre, et jouir déjà, par anticipation, de la félicité et de la
gloire des bienheureux. Ces effets étaient si visibles, même dans
le commerce de la vie, qu'on distinguait les confrères du rosaire de
tous les autres fidèles, comme autrefois les premiers Chrétiens,
par leur union, leur ferveur, leur Charité et leur persévérance
dans la prière et les bonnes œuvres. Tout semblait commun entre
eux; ils ne faisaient qu'un cœur et qu'une âme; la tâche
habituelle qu'ils s'imposaient était remplie avec la plus tendre
sollicitude: assister la veuve et l'orphelin, revêtir l'indigent,
doter le pauvre, consoler les affligés, visiter les malades,
conforter les agonisants: tels étaient les fruits de leur zèle à
l'égard
de
leurs confrères: tels étaient les doux engagements de leur pieuse
confraternité. O beaux jours ! qui nous donnera de les revoir ?
Heureuse la confrérie qui les verra revivre ! Heureux les confrères
qui trouveront dans cette communication mutuelle, les ressources de
la charité et les secours précieux du salut !
Un
des plus solides et des plus précieux avantages de la dévotion du
Rosaire est la multitude des indulgences que l'Église y a attachées
pour engager les fidèles à embrasser cette dévotion. Les
souverains Pontifes, comme nous en avons déjà vu le détail, ont
ouvert tous les trésors de l'Église, avec une sorte de profusion,
en faveur des confrères du Rosaire, non pour encourager la tiédeur
ou la négligence des faux dévots, mais pour nourrir la piété,
entretenir la ferveur des vrais chrétiens, multiplier les
conversions, inspirer la pénitence, augmenter l'amour de Dieu et
conduire à la plus haute perfection. Ces indulgences sont en si
grande quantité, que nous ne craignons pas de dire qu'il n'est point
de Confrérie dans l'Eglise que les souverains Pontifes aient comblée
d'un plus grand nombre d'indulgences et de privilèges. Quelle
ressource donc pour les fidèles associes à cette dévotion! quelle
perte immense, s'ils ne mettaient pas à profit un secours aussi
facile et aussi efficace ! Combien ne seraient-ils pas ennemis
d'eux-mêmes et négligents pour leurs propres intérêts, s'ils
refusaient de recueillir un si précieux héritage; et quel compte
n'auraient-ils pas à rendre à Dieu d'avoir négligé des sources
aussi abondantes de salut ?
Enfin,
un des avantages les plus signalés de la dévotion du rosaire, c'est
l'habitude qu'elle fait contracter de la méditation. Ce point est si
important que nous le considérerons spécialement un jour. Il est
évident que le dessein de l'Eglise en comblant de faveurs la
dévotion du rosaire a été de donner lieu à ses enfants de méditer
de la manière la plus facile et le plus à la portée de tous, les
principaux mystères de la religion. En récitant le rosaire, ils
suivent Jésus-Christ pas à pas dans toutes les démarches qu'il a
faites pour leur salut, et reconnaissant que par eux-mêmes ils ne
méritent pas d'être exaucés dans leurs prières, ils ont recours à
l'intercession de sa Très Sainte Mère, pour rendre leur dévotion
plus agréable à son cher Fils. Un vrai enfant de l'Eglise en
récitant le rosaire, après avoir contemplé Jésus-Christ dans son
état glorieux et lui avoir rendu tous les hommages qu'une foi vive
exige d'un coeur reconnaissant, doit s'unir au divin Sauveur, par
l'amour,
par
des dispositions toutes conformes aux siennes; avoir les mêmes
pensées, entrer dans les mêmes sentiments. Sa naissance temporelle
sur la terre devient le modèle de sa naissance spirituelle; sa
naissance, son incarnation, son enfance et les humiliations qui en
ont été l'apanage sont pour le chrétien un pressant motif de
renoncer a la vaine estime du monde, à la fausse gloire et aux
pompes du siècle profane; l'a retraite de Jésus-Christ, ses
travaux, sa prière continuelle et surtout l'excès de ses
anéantissements dans sa passion, le convainquent aussi de la
nécessité qu'il y a de mener sur la terre une vie pénitente,
crucifiée, mortifiée, pour se rendre conforme à son chef; enfin,
portant les yeux jusque sur le trône de gloire où Jésus-Christ est
assis à la droite de Son Père qui a récompensé ses humiliations,
il ne vit plus sur la terra que comme un étranger, qui
désire
sans cesse de se réunir à Jésus-Christ, dans la Céleste Patrie;
les bonnes oeuvres qu'il pratique sans relâche sont les fruits de
ses pieuses réflexions en récitant le rosaire, les effets des
fervents désirs de son coeur rempli d'amour par la méditation des
mystères de ta Vie, de la mort et de la résurrection de
Jésus-Christ. Quels immenses avantages ne découlent donc pas pour
le chrétien de la pratique de cette dévotion !
Résolution
Convaincus
comme nous le sommes que nous ne pouvons rien sans le secours
continuel de la grâce de Jésus-Christ, implorons-la fréquemment
par la récitation du rosaire qui est comme un baume qui fera
pénétrer dans notre âme la bonne odeur de Jésus-Christ, en nous
rendant semblables à ses plus fervents disciples par notre humilité,
notre charité, notre patience; en on mot, par toutes les vertus dont
il a été un parfait modèle. Oh! qu'il est avantageux et qu'il est
doux, s'écrie le roi-prophète, que les frères vivent dans l'union
de prières, comme cela a lieu dans la dévotion du rosaire. « Si
deux d'entre vous, dit Jésus-Christ, s'unissent ensemble sur la
terre pour prier, quelque chose qu'ils demandent, elle leur sera
accordée par mon Père ».
Prière
Nous
Vous remercions, Seigneur, de nous avoir fait comprendre les
avantages du Rosaire; Vous avez promis formellement d'exaucer les
prières et les voeux de ceux qui sont unis ensemble; or cette
dévotion nous apprend à unir la méditation à la prière et ainsi
à prier plus du coeur que des lèvres; elle est donc pour nous un
fond inépuisable de richesses, et Marie nous y apprend à vivre de
la véritable vie qui peut seule nous rendre heureux en cette vie et
en l'autre. Ainsi soit-il.
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