Quinzième
jour : Les Confréries en général et de la Confrérie du
Rosaire en particulier
Le
mot de confrérie signifie la réunion de plusieurs personnes qui
s'engagent à vivre ensemble ou à s'entraider
dans des intérêts temporels ou spirituels, comme des frères et des sœurs; aussi ces personnes sont-elles appelées, dans le langage
ordinaire, confrères et consœurs. On fait remonter l'origine des
confréries, prises en général, jusqu'au roi de Rome, Numa
Pompilius qui, dit-on, établit de ces sortes d'associations pour les
arts et les métiers, et voulut que chacun fit des sacrifices aux
dieux tutélaires qu'il leur avait assignés. A l'origine du
christianisme, tous les fidèles vivaient dans une si grande Charité
réciproque, qu'ils n'avaient qu'un coeur et qu'une âme, et ne
faisaient, pour ainsi dire, qu'une grande confrérie spirituelle. De
là, nous ne voyons pas dans l'histoire des premiers siècles, qu'il
ait été question alors d'établir des Confréries spéciales, comme
il y en a eu depuis. La première dont il soit fait mention après
l'établissement des confréries du rosaire, est celle dite du
Confalon, établie sous le pontificat de Clément IV, en 1267. Son
but était de racheter les
chrétiens faits captifs par les Sarrasins; elle portait un étendard
appelé Confalone, qui lui donna son nom; sur cet étendard était
l'image de la Sainte Vierge, sous la protection de laquelle elle
s'était mise.
Bientôt
il se forma d'autres associations de personnes pieuses qui se
proposaient, les unes, de s'aider réciproquement à faire pénitence
et à pratiquer la vertu; d'autres, de soulager les âmes du
purgatoire par des indulgences, des prières, des aumônes et
d'autres bonnes oeuvres; celles-ci de secourir les pauvres, de
consoler les affligés, d'assister les malades, d'ensevelir les
morts, etc.; celles-là, d'honorer tel ou tel mystère de la
religion, d'exciter ou d'entretenir la dévotion envers la Très
Sainte Vierge, les Anges et les Saints. L'Église a toujours
encouragé ces pieuses réunions, en leur accordant des grâces
spéciales, des privilèges et surtout beaucoup d'indulgences. Le
nombre des Confréries qui ont existé ou qui existent encore
maintenant dans les différentes parties de l'Église est très
considérable; nous ne parlerons que de la Confrérie du Rosaire,
après avoir examiné la question de savoir s'il est utile aux
fidèles de se faire inscrire dans ces pieuses associations.
D'après
les paroles de Jésus-Christ: « Où deux ou trois sont assemblés en
Mon Nom, Je me trouve au milieu d'eux », nous ne devons pas craindre
d'assurer que c'est Lui-même, en quelque sorte, qui est le premier
auteur de ces pieuses associations. L'union fait la force: telle est
la devise des armoiries belges; or, notre force spirituelle ne
consiste-t-elle pas aussi dans l'union, dans la communion des Saints
? Et cette union, ne sera-telle pas plus forte, si elle a lieu avec
des personnes ferventes et décidées à bien vivre et à bien mourir
? Le profit spirituel que nous ferons en unissant nos bonnes oeuvres
et nos prières avec ces fidèles serviteurs, ne sera-t-il pas plus
considérable, que si nous les faisions isolément et sans pouvoir
jouir des faveurs accordées à ces associations ? L'Eglise primitive
était une grande Confrérie dont tous les membres se distinguaient
par leur charité et leur ferveur; aujourd'hui ses membres sont
confondus dans la foule et ce n'est, en général, que
dans
ces pieuses associations qu'on les retrouve. Quel avantage n'y a-t-il
donc pas de s'unir a eux, afin que nos prières si peu agréables
d'elles-mêmes au Seigneur, et si peu propres à nous en obtenir des
grâces, reçoivent quelque valeur, aient quelque mérite par celles
de plus fervents associés ? Et puis, l'exemple qu'ils nous donnent,
les vertus qu'ils pratiquent, la charité dont leur coeur est embrasé
pour Dieu: ne sont-ce pas là des moi ifs suffisants pour nous faire
mettre en pratique le conseil suivant de Saint François de Sales.
«
Entrez volontiers dans les Confréries du lieu où vous demeurez, et
principalement en celles dont les exercices vous feront espérer plus
d'utilité et d'édification: ce sera une manière d'obéissance fort
agréable à Dieu; car, bien que l'on ne vous ordonne rien sur ce
point, il est toutefois aisé de voir que l'Eglise vous le
recommande; et ses intentions se font assez connaître, par les
indulgences et les autres privilèges qu'elle accorde à ces pieuses
sociétés. D'ailleurs, c'est un vrai exercice de la charité
chrétienne, que d'entrer dans les saintes inspirations des autres,
et de contribuer à leurs bons desseins; et quand vous feriez en
votre particulier et avec plus de goût quelque chose d'aussi bon que
ce qui se fait dans les confréries, Dieu, cependant, y est plus
glorifié par l'union que la piété y fait des esprits et des
oblations. Je dis la même chose de toutes les prières et des
dévotions publiques auxquelles nous devons contribuer autant que
nous pouvons, de notre bon
exemple,
pour la gloire de Dieu, pour l'édification du prochain, et pour la
fin commune qu'on s'y propose ».
Enfin,
un motif qui doit engager à entrer dans ces pieuses associations ,
c'est l'espèce d'obligation d'engagement,
libre toutefois et non strict, qu'on contracte de pratiquer telle
dévotion, de fréquenter les
sacrements, etc.; cet engagement d'honneur, pour ainsi dire, fait
qu'on s'habitue à réciter telle prière
ou à faire telle bonne oeuvre, habitude qu'on n'aurait pas prise si
l'on n'était pas membre de telle
confrérie, parce qu'en général l'homme a besoin d'être astreint
par quelque lien, à faire quelque chose,
pour s'en bien acquitter. C'est ainsi qu'en se faisant inscrire dans
la confrérie du rosaire, on a l'intention
et l'on contracte l'habitude de réciter, une fois par semaine, le
rosaire, en méditant les quinze
mystères. De plus, cette pratique de dévotion engage à communier
le 1er dimanche du mois et
aux fêtes de la Sainte Vierge, pour gagner les indulgences accordées
ces jours-là.
Ce
fut peu de temps après l'institution du rosaire qu'on établit des
confréries sous le titre du saint rosaire et qu'on dressa des
statuts. La ferveur toujours croissante leur mérita bientôt la
sanction du Saint Siège. On croit que ce fut sous le pontificat
d'Urbain IV, vers l'année 1261. On vit alors s'élever de toutes
parts des chapelles et des autels en l'honneur de Notre Dame du
Rosaire, afin d'y ériger la confrérie que tant de papes ont depuis
enrichie d'un grand nombre d'indulgences, comme nous le verrons
demain.
Résolution
Les
engagements contractés en s'associant à une confrérie, n'obligeant
nullement sous peine de péché, qu'est ce qui pourrait nous empêcher
de nous faire inscrire dans celle du Rosaire, établie entre autres à
Liège, dans les églises de Saint Jean et de Saint Denis ? La
plupart des fidèles récitent moralement tous les jours un Chapelet.
Eh bien! Pour gagner plusieurs indulgences accordées aux confrères
du Rosaire, il suffit qu'ils récitent trois Chapelets par semaine,
avec méditation des quinze Mystères; car c'est cette méditation
qui produit tant de fruit, et qui distingue la récitation du Rosaire
de celle du Chapelet ordinaire.
Prière
Nous
Vous rendons mille actions de grâces, Seigneur, d'avoir établi dans
votre Eglise ces saintes associations enrichies de faveurs
spirituelles. Rendez-nous dignes d'en faire partie, afin qu'en
prenant part aux mérites, aux prières et aux bonnes œuvres des
associés, nous devenions de jour en jour plus attachés à vos
Saintes Lois, et que par la protection de Marie que nous voulons
honorer en nous faisant inscrire dans une Confrérie du Saint
Rosaire, nous obtenions la grâce de sanctifier Votre Nom, de Vous
glorifier et de régner avec Vous éternellement dans le ciel. Ainsi
soit-il.
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